Europe : l’heure de vérité industrielle

Ce dossier a exploré six piliers structurants de cette stratégie : la mobilisation du capital humain, l’effort de décarbonation, le renforcement des chaînes de valeur stratégiques, la réforme du financement, l’articulation entre gouvernance supranationale et agilité territoriale, et enfin, la nécessité d’un sursaut politique assumé (ibid., chap. 9 – “Conclusion: The way forward”).
Ce que propose Mario Draghi n’est pas une liste de recommandations juxtaposées, mais une vision intégrée, pensée pour l’action. Il ne s’agit pas simplement de faire mieux, mais de faire autrement : repenser nos modèles de croissance, d’investissement et de coopération à l’échelle d’un continent.
Cette renaissance industrielle ne pourra réussir qu’en mobilisant l’intelligence collective européenne. Les écosystèmes industriels territoriaux – laboratoires d’innovation, plateformes collaboratives, hubs technologiques – auront un rôle central à jouer, à condition d’être pleinement connectés aux orientations stratégiques communes (ibid., chap. 3 – “Technological transformation”).
À l’heure où les tensions géopolitiques se multiplient, où la transformation écologique s’accélère, où la concurrence technologique devient systémique, la question n’est plus si l’Europe doit se réinventer, mais comment et à quel rythme. La réponse du rapport Draghi est exigeante mais structurante. Elle mérite d’être traduite en feuille de route partagée, au-delà du débat.
L’Europe a la capacité d’écrire une nouvelle page de son histoire industrielle. Mais cette décision doit être collective et stratégique :
Une innovation à la hauteur des ruptures technologiques,
Une transition écologique pensée comme moteur de réindustrialisation,
Une souveraineté stratégique retrouvée dans les secteurs critiques,
Un plan d’investissement massif,
Une gouvernance capable d’agir vite,
Une connexion assumée avec les territoires.
Ce sursaut ne viendra pas seulement des institutions. Il doit aussi naître sur le terrain, dans des lieux comme KMØ, là où les idées deviennent projets et où chaque échange, discret ou intense, participe à l’architecture silencieuse de demain. Ici, nous croyons à cette Europe audacieuse et connectée à ses forces vives.
L’Europe n’est pas condamnée au déclin. Elle tient encore entre ses mains les pièces d’un grand puzzle industriel et technologique, héritées de siècles d’inventivité et de labeur. Mais ces pièces ne s’assembleront pas seules. La question n’est plus de savoir si nous avons les moyens, mais si nous aurons la sagesse de les unir et la lucidité de former l’image qui fondera le renouveau de l’industrie européenne.
Publié le 29 août