DÉCRYPTAGE D'ÉTÉ

Du défi climatique à l’opportunité industrielle

L’un des diagnostics les plus sévères posés par le rapport Draghi concerne le différentiel de coût énergétique auquel l’industrie européenne est confrontée. Avec des prix du gaz et de l’électricité jusqu’à cinq fois supérieurs à ceux de certaines puissances concurrentes, l’écart de compétitivité devient structurel. Ce désavantage compromet la modernisation des chaînes de production, alourdit les coûts, érode les marges. Pour les acteurs industriels du terrain, cela se traduit très concrètement par des arbitrages douloureux, des investissements reportés, des doutes sur la pérennité des sites. Et pourtant, ils tiennent bon.

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Cette distorsion résulte à la fois d’un marché intérieur fragmenté, d’une fiscalité énergétique élevée, d’un sous-investissement dans les réseaux, et d’une trop grande exposition aux aléas géopolitiques. Or, comment faire la transition écologique quand l’accès à l’énergie est lui-même un facteur de vulnérabilité industrielle ? Draghi le dit clairement : si nous ne parvenons pas à articuler ambition climatique et stratégie industrielle, nous risquons un contrecoup économique sévère (ibid., section « Energy and competitiveness »).

Mais là encore, c’est un plaidoyer pour une trajectoire intégrée. Le rapport esquisse un futur dans lequel l’industrie n’est pas victime de la transition mais moteur de celle-ci (ibid., chap. 3). Loin de l’opposition entre croissance et écologie, il suggère que les technologies bas-carbone – hydrogène, électrification, réseaux intelligents, captation de CO₂ – deviennent de véritables gisements de compétitivité. À condition d’y investir activement et de manière stratégique.

Les leviers sont nombreux : contractualisation de long terme pour sécuriser les prix, simplification des autorisations pour les énergies renouvelables, soutien massif à l’innovation industrielle verte. Tout cela fait écho à ce que nous vivons ici : à KMØ, nous accompagnons déjà des startups qui développent des innovations à destination de l’industrie pour optimiser l’énergie et mieux produire. Ce n’est pas une vision théorique. C’est notre quotidien à tous : « faire mieux avec moins ».

Le rapport invite aussi à planifier davantage. Cibler les maillons critiques : batteries, moteurs, électrolyseurs, pompes à chaleur. Et à fédérer les efforts. En tant qu’écosystème, nous savons à quel point les effets d’échelle sont nécessaires. Aucun acteur ne réussira seul. Ni l’État, ni l’industriel isolé, ni l’innovateur en silo.

Enfin, Draghi parle de compétitivité durable, de performance repensée : qualité des emplois, solidité des filières, sobriété des usages. Cette idée nous parle. Elle ressemble à notre façon d’avancer, dans l’ombre des grandes annonces, mais avec la certitude que l’industrie peut – et va – contribuer significativement à atténuer les effets du dérèglement climatique.

L’Europe dispose de toutes les cartes. Reste à jouer la bonne main, au bon moment, avec tous les joueurs autour de la table. Parce que les industriels européens n’attendent qu’une chose : des conditions pour agir et innover.

A KMØ, nous œuvrons modestement chaque jour, aux côtés de celles et ceux qui croient en une industrie européenne plus sobre et plus résiliente.

 

Publié le 13 août