L’événementiel comme accélérateur d’innovation ouverte

Quand l’événement devient laboratoire d’idées
Le hackathon reste l’un des symboles les plus parlants de cette dynamique. Rassembler pendant 24 ou 48 heures développeurs, designers, ingénieurs et porteurs d’idées autour d’un défi commun, c’est accélérer en condensé le cycle de l’innovation. On pense notamment au Hackathon ActInSpace, soutenu par le CNES et l’ESA, où étudiants et startups imaginent des applications terrestres à partir de technologies spatiales. En deux jours seulement, des projets de drones logistiques, d’outils de maintenance prédictive ou de solutions environnementales voient le jour. Pour les entreprises, c’est un vivier de créativité brute ; pour les participants, un terrain d’expérimentation intense et stimulant.
Les concours d’innovation s’inscrivent dans la même logique. Le challenge Go Green de Schneider Electric illustre parfaitement cette ouverture : chaque année, des étudiants du monde entier repensent l’avenir de l’énergie et de la durabilité. Au-delà de la compétition, ces événements sont conçus comme des tremplins pour détecter des talents, identifier des partenaires ou ouvrir de nouvelles pistes de collaboration. Les idées viennent de l’extérieur, parfois très éloignées du cœur de métier des entreprises, mais c’est précisément ce qui en fait la richesse.
Du pitch à la collaboration durable
Autre format devenu incontournable : les pitch days. Donner à des startups quelques minutes pour présenter leur solution devant un parterre de décideurs peut sembler anecdotique, mais l’impact est réel. Ces sessions permettent à de jeunes pousses technologiques de rencontrer directement des PME ou des grands groupes régionaux. On y a vu émerger des coopérations autour de la cybersécurité, de l’IA appliquée à la maintenance ou encore de l’IoT pour l’usine 4.0. Le pitch devient ici un outil de mise en relation instantané, où chaque mot peut déclencher une opportunité de marché.
Mais l’essentiel se joue après. Les meilleurs événements sont ceux qui débouchent sur des collaborations concrètes. Le partenariat entre la RATP et des startups de la mobilité, né lors de hackathons, a par exemple permis de tester des solutions de guidage pour personnes malvoyantes dans le métro parisien. Le programme Industry 4.0 Challenge de BASF, qui ouvre ses sites à des startups pour expérimenter leurs innovations, illustre lui aussi cette capacité à transformer la scène événementielle en terrain de coopération industrielle.
L’innovation interne par l’événementiel
Si l’événementiel crée des passerelles avec l’extérieur, il peut aussi jouer un rôle majeur au sein même des entreprises. De plus en plus de groupes industriels organisent leurs propres hackathons ou “idéathons” internes, où collaborateurs de différents services se réunissent pour travailler sur un défi stratégique.
Ces moments suspendus brisent les silos, favorisent les échanges transversaux et stimulent la créativité. Un ingénieur de production peut ainsi échanger directement avec un data scientist ou un responsable marketing, et ensemble concevoir une solution innovante en rupture avec les pratiques habituelles.
Certaines entreprises vont encore plus loin en organisant des “learning expeditions” ou des journées d’innovation ouvertes aux salariés, où l’on teste des prototypes, on invite des partenaires, et on accélère la mise en mouvement des idées. L’effet est double : renforcer la culture d’innovation interne tout en donnant aux collaborateurs le sentiment de contribuer activement à l’avenir de l’entreprise.
Un moteur d’attractivité pour les territoires
Au-delà des entreprises, l’événementiel agit comme un catalyseur de territoire. Organiser un hackathon, un salon ou un concours d’innovation, c’est attirer en un même lieu étudiants, chercheurs, entrepreneurs, investisseurs et acteurs publics. Chaque rencontre nourrit un écosystème plus large, crée des passerelles entre mondes académiques et industriels, et participe à l’émergence d’une identité commune.
C’est ainsi que certaines villes deviennent progressivement des hubs reconnus : Grenoble pour les technologies de l’énergie, Toulouse pour l’aéronautique et l’espace, Nantes pour les industries créatives… et Mulhouse pour l’industrie et le numérique, avec des initiatives comme KMØ, qui fédère startups, entreprises et centres de formation.
Ces rendez-vous ne renforcent pas seulement la notoriété d’un territoire : ils stimulent aussi la création d’emplois, le développement de projets collaboratifs et la diffusion d’une culture d’innovation. En d’autres termes, ils transforment l’énergie de la rentrée en valeur durable.